


Mon projet ENTRE | VUES d’un quotidien suspendu a pris forme au fur et à mesure du confinement alors que je capturais déjà régulièrement mon quotidien et mon lieu de vie. Dans ce projet, ma volonté est autant de capter l’âme du lieu que de retranscrire ce qu’il s’y vit, et le confinement fut encore plus propice à cette intimité imprévue.
Nous sommes une dizaine de colocataires à nous partager un étage avec un espace commun pour tous. Nous, qui vivions tous nos vies de façon indépendante, nous nous sommes retrouvés du jour au lendemain à concilier nos rythmes. Perdus face à une situation inconnue, nous nous étions d’un coup synchronisé. Ensemble face à un temps qui semblait s’être arrêté. Ensemble face à l’ennui, les questionnements, l’anxiété, mais ensemble pour réinventer le quotidien.
Réinvestir le lieu de vie dans lequel nous évoluons, partager nos savoirs, et nos expériences de vie. Les ombres, que je ne faisais que croiser au quotidien, étaient mises en lumière, à l’arrêt, profitant du temps qui passe, lentement. Instant de langueur, de lâcher prise, le masque social tombe pour montrer la fragilité d’être dans des moments d’incertitudes. Saisir les moments d’abandon pour en immortaliser la force et la beauté.
Le quotidien, et ces instants anodins, recèlent des richesses insoupçonnées si elles n’existent que dans l’ombre. Cependant, dès que la lumière s’incruste, elle rend présent ce qui s’efface dans une vie au rythme effréné, dans laquelle nous n’habitons plus notre chez nous, nous ne faisons qu’y passer.
L’extérieur est riche de beaucoup d’expériences, de connaissances, et d’inattendu. Ce qui nous fait oublier que l’intérieur est tout aussi riche, et cette richesse est un trésor qui prend du temps à être mis en lumière dans une société essentiellement basée sur l’apparat. Cependant, dès lors qu’il nous est imposé d’être chez soi, alors être avec soi prend une tout autre dimension. D’autant plus lorsque que l’on se retrouve chez soi tout en étant aussi chez l’autre.












